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Frédéric Bruly Bouabré, Connaissance du monde, 1977-2005
en collaboration avec André Magnin et la C.A.A.C., The Pigozzi Collection, Genève

Expositions > Arts plastiques
du 22 février 2006 au 7 mai 2006
© « Antique Art Africain », ensemble de 24 dessins, 1982
Stylo bille et crayon de couleur sur papier
Chaque élément: 31 x 21.5 cm
Coll. CA.A.C., The Pigozzi Collection
 

Condensations

Frédéric Bruly Bouabré, Connaissance du monde, 1977-2005

Frédéric Bruly Bouabré est né vers 1923 à Zéprégühé (Côte-d’Ivoire). À cette époque-là en Afrique, dit-il, quand un homme est né, on se contente de savoir qu’il est né, on ne cherche pas à compter les jours, ni les mois, ni les années… De sa propre initiative, il demande à son oncle Lebato à être scolarisé et intègre l’école française en 1931 pour neuf années. Il manifeste d’emblée une curiosité puissante, une volonté profonde de s’instruire. En 1940, il fait son service militaire dans la Marine, jusqu’à la fin des hostilités. Il exerce alors divers métiers au Sénégal et en Côte-d’Ivoire avant de devenir fonctionnaire de l’administration coloniale. C’est en Côte-d’Ivoire que se trouve alors Théodore Monod auquel F. B. Bouabré présentera un peu plus tard l’Alphabet Ivoirien dont il fut le « découvreur ». Théodore Monod, qui « sut confier l’utile et le radieux secret de la science d’observation » à F. B. Bouabré, publiera en 1958 dans « Notes Africaines » une longue présentation et étude sur cette découverte.

C’est en cherchant le moyen de fixer et de transmettre le savoir de son peuple, les Bétés, ainsi que celui du monde tout entier, que F. B. Bouabré inventa un alphabet de plus de 440 pictogrammes monosyllabiques pour représenter les phonèmes. En introduction à cet « Alphabet Bété », il écrit : « L’alphabet est l’incontestable pilier du langage humain. Il est le creuset où vit la mémoire de l’homme. Il est un remède contre l’oubli, redoutable facteur de l’ignorance. Trouver sur la scène de la vie humaine une écriture spécifiquement africaine tel est mon désir. »

Outre cette œuvre magistrale, F. B. Bouabré regarde, écoute, lit puis archive, à la façon d’un entomologiste, le monde contemporain. Toutes les traces du monde réel et spirituel sont consignées dans des centaines de petits dessins, réalisés sur papier cartonné au format basique de 10 x 15 cm, qu’il qualifie de « bricolés ». Il utilise invariablement stylo-bille et crayon de couleur, « le minimum de moyens pour dire le maximum ».

L’origine des œuvres de F. B. Bouabré est liée, selon lui, à un événement particulier : « Depuis le 11 mars 1948, depuis que le ciel s’ouvrit à mes yeux et que les sept soleils colorés décrivirent un cercle de beauté autour de leur Mère-Soleil, je suis Cheik Nadro “Celui qui n’oublie pas” ». Depuis, F. B. Bouabré poursuit sans répit une œuvre multiforme de penseur, de prophète, de philosophe, de moraliste, de poète, de conteur, de dessinateur, d’artiste, de créateur, habité d’une volonté farouche de vouloir tout cataloguer, tout expliquer. Il s’agit de nommer le monde, de l’inscrire, d’en faire un recensement précis pour maintenir l’Univers en ordre.


Réuni sous le titre « Connaissance du monde », son œuvre infini est organisé en séries, groupes, sous-groupes et unités et constitue une sorte de cosmogonie. Ces milliers de dessins réalisés jour après jour depuis les années 1950 reflètent son immense curiosité, son enracinement africain, son idéal encyclopédique.
F. B. Bouabré date et signe chacun de ses « relevés », non par une signature d’artiste, une revendication, mais plutôt une griffe d’authenticité : le cachet d’une bibliothèque.

Synthèse établie à partir de plusieurs textes publiés par André Magnin.


Frédéric Bruly Bouabré est né vers 1923 à Zéprégühé (Côte-d’Ivoire).

 

Contact :

Musée d’art moderne et contemporain (Mamco)
Genève, Suisse
10, rue des Vieux-Grenadiers, CH-1205 Genève
téléphone : +41 22 320 61 22
télécopie : +41 22 781 56 81

 

Site Internet :

www.mamco.ch